tag:blogger.com,1999:blog-6505633505451013687.post3310797067364903119..comments2023-09-17T15:15:41.044+02:00Comments on L'ANAGNOSTE: Marc Villemain, Ils marchent le regard fierEric Bonnargenthttp://www.blogger.com/profile/16918863517638305902noreply@blogger.comBlogger1125tag:blogger.com,1999:blog-6505633505451013687.post-28547368800291006552014-01-06T23:46:27.098+01:002014-01-06T23:46:27.098+01:00Le roman de Marc Villemain, « ils marchent le rega...Le roman de Marc Villemain, « ils marchent le regard fier », s’écrit à la façon d’un palimpseste sur un récit de « La Légende dorée » de Voragine, « La Légende de saint Julien l'Hospitalier ».<br /><br />Dès la première page, le narrateur du roman fait allusion à « La Légende dorée » :<br />[L’appareil lui vient de Julien, étrennes d’un hiver précédent. Donatien l’avait appelé comme ça en souvenir d’un livre qu’il avait lu, enfant. Les aventures de Julien l’Hospitalier, « La Légende dorée » ça s’appelait, je crois, un gros livre. L’histoire d’un pauvre diable qui tue père et mère par méprise, et qui deviendra un saint pourtant, après qu’il aura aidé un lépreux à traverser le fleuve. Drôle d’histoire. Enfin, pas tant l’histoire que ce qu’elle me renvoie, quand on sait ce qui arrivera. ]<br /><br />Donatien, nom du (personnage du) père dans le roman de Marc Villemain, c’est aussi le nom d’un saint de La Légende dorée (manuscrit 266, De saint Donatien f. CCVII v). <br /><br />On sait que dans l’un des "Trois contes", (Paris, G. Charpentier, éditeur, 1877), Flaubert réécrit « La légende de saint Julien l’Hospitalier » et qu’un peu moins de vingt après, Marcel Schwob en écrit une préface qui, comme le souligne Hugues Laroche, est l’une des premières études un peu fouillées sur La Légende de saint Julien l’Hospitalier, dans une perspective essentiellement comparatiste, Schwob se préoccupant fortement des relations entre littérature savante et littérature populaire. Il y défend la thèse d’une origine populaire et païenne à cette Légende dont il fait, comme le précise toujours Hugues Laroche, « un type archaïque », rapproché du mythe d’Œdipe. <br /><br />Ce qui m’a fascinée dans le roman de Marc Villemain, outre la question des « vieux » (assez cruciale à notre époque où les vieux sont plus nombreux que les « jeunes »), c’est l’écriture. Car Marc Villemain a pris le parti de faire raconter l’histoire (passée et présente) par un narrateur, ami d’enfance de Donatien et parrain de Julien, le fils de Donatien. Et ce narrateur dont on ne sait pas le nom - Donatien depuis tout enfant ne l’a jamais appelé par son prénom, mais toujours mon vieux -, est resté paysan dans son village.<br /><br />En choisissant de faire parler un non lettré pour raconter une histoire pareille, Marc Villemain reste dans cette « continuité » qui obsédait Flaubert et Schwob, lequel se passionnait pour Villon, Shakespeare et Stevenson, « ces écrivains de génie qui ont su ne pas se couper de cette ‘imagination obscure’, que Schwob attribue au peuple et au passé, tous deux relevant de ce pouvoir d’absence conféré à l’origine : dans l’antiquité et l’anonymat, la légende se constitue dans un retrait, dans un discours où ce qui ne peut se dire (l’origine) donne au texte sa forme. »<br /><br />J’ajouterai que ce qui est fascinant aussi, c’est que cette question des « vieux » soit abordée avec autant d’acuité par un auteur qui a à peine la quarantaine. Se dire alors qu’être né en 1968 le prédisposait peut-être à inventer une révolution, et quelle. <br />Souligner que le roman, « ils marchent le regard fier » est dédié à son fils. Et que le troisième personnage, femme de Donatien et mère de Julien, se prénomme Marie.<br /><br /><br />Michèle Pambrun (06/01/2014)Michèle Pambrun-Paillardhttps://www.blogger.com/profile/09257517486237999556noreply@blogger.com