lundi 25 juillet 2011

Jean-Claude Lalumière, Le Front russe.

Géopolitique
Éric Bonnargent

James Rosenquist, Spinning faces in space.
Enfant unique d’un ennuyeux couple de la petite bourgeoisie bordelaise, le narrateur, alors qu’il était enfant, rêvait d’ailleurs en lisant et relisant encore et encore les cinq numéros de Géo et l’atlas que lui avait offert son oncle Bertrand :

« Je découvris alors qu’il existait d’autre contrées, d’autres pays dont je n’avais jamais lu ni même entendu les noms. Je parcourais les cartes une à une, en étudiais les reliefs, suivait de l’index le tracé des côtes, apprenais les noms qui y figuraient. Leurs consonances exotiques me faisaient rêver : Saskatchewan, Kuala Lumpur, Addis-Abeba, Mozambique… Dès lors, je voulus découvrir ce vaste monde en vrai, sans le filtre du papier glacé, des paysages si souvent observés dans Géo à ceux que j’imaginais d’après les commentaires des cartes de l’atlas de l’oncle Bertrand. »

Afin d’accomplir ses rêves, il aurait pu devenir explorateur, aventurier, etc., mais, trop timoré, il a préféré passer le concours pour entrer au Quai d’Orsay. Ce sont ses débuts au Ministère des Affaires étrangères que le narrateur nous raconte. Les désillusions seront nombreuses et les voyages bien rares… Jean-Claude Lalumière nous invite à suivre les mésaventures de ce jeune provincial emprunté et candide qui, à cause d’un malheureux attaché-case, sera immédiatement placardisé dans une annexe du Ministère, une sinistre tour juxtaposée à la gare d’Austerlitz, au “Front russe”, c’est-à-dire au « bureau des pays en voie de création/section Europe de l’est et Sibérie ». Entourés de collègues plus dingues que les autres, le lecteur suivra ses démêlés avec l’administration, notamment à propos d’une drolatique histoire de pigeon mort. Plus hilarantes encore que ses péripéties professionnelles seront ses relations amoureuses avec Aline, sa jeune collègue. Quiconque lira Le Front russe ne regardera plus jamais un yorkshire de la même manière…
Le Front russe est un petit roman aussi drôle que bien écrit, une lecture idéale pour l’été.






Le Front russe. Jean-Claude Lalumière. La Dilettante. 17 €

1 commentaire:

  1. Ce que j'aime dans ce blog, c'est qu'il se déplace, quand là-bas on parle de l'art français de la guerre, ici ça parle russe.
    Du coup nous nous déplaçons également.
    Merci pour les découvertes.

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