dimanche 1 janvier 2012

Un an

Tableau : Jörg Breu le Jeune
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C’est en considérant nos (relatives) divergences esthétiques, et forts d’un esprit de bonne camaraderie, que nous avons lancé l’anagnoste, il y a un an et presque jour pour jour.

L’ambition n’a jamais été de révolutionner l’instance critique (nous n’en avons d’ailleurs pas davantage les capacités que le désir), mais de donner des écrivains et des livres une lecture sensible et qui ne fût pas trop superficielle. Notre parti pris, dont nous ne méconnaissons pas les limites, a toujours été de n’évoquer que ce que nous aimions, qui nous touchait ou nous semblait pouvoir trouver son cheminement dans la déjà longue épopée de la littérature. À d’infimes exceptions près, vous n’avez donc trouvé ici que des éloges, même pondérés – ce qui n’exclut ni les réserves, ni les déceptions, ni, pourquoi pas, quelques traits d’humeur.

C’est aux écrivains d’abord que nous pensons lorsque nous nous prêtons à l’exercice critique. La critique en effet n’est que ce qu’elle est – qui n’est pas rien : la lecture, éventuellement savante, éventuellement éclairante, d’une œuvre dont le critique n’est pas lui-même capable. Savoir distinguer entre l’art et le tout-venant, entre la dimension quasi métaphysique de l’art et l’intention plaisante ou divertissante (ce qui, dans notre bouche, est-il prudent de rappeler, n'est nullement péjoratif) : voilà qui nous apparaît déjà comme une assez ample ambition.

Nous pensons aussi à ces éditeurs méritants (et pas toujours « petits ») qui s’obstinent, en dépit d’une économie à tout le moins malmenée, à distinguer parmi les livres ceux qui, au mieux traverseront le temps, au pire sauront dire sur l'époque, ou l'univers, ces quelques petites choses que la littérature seule est à même de pouvoir dire.

Nous pensons, enfin, toujours aux lecteurs, tant nous le sommes nous-mêmes : nous savons combien il est difficile d’échapper au goût du jour et au matraquage médiatique qui en fait la force. Ce constat n’induit pas qu’un ouvrage méconnu soit nécessairement fameux, pas plus qu'un ouvrage populaire soit nécessairement piètre : c’est là un écueil, quasi idéologique, auquel tout critique est toujours exposé, et dont nous devons sans cesse nous défier. 
-->À cette fin, la meilleure méthode consiste encore à s’en remettre au texte, et seulement au texte.

Cet esprit continuera de nous animer en 2012, année que nous avons donc décidé d’entamer, sans forfanterie aucune, en nous donnant la parole à nous-mêmes... Outre que cela permet de refermer 2011 derrière nous d'une manière complice et familière, les deux entretiens publiés cette semaine (initialement parus dans le magazine des livres) constituèrent pour nous une occasion d’étayer nos manières respectives d’envisager la littérature.

     Mardi 3 janvier : Éric Bonnargent
     Vendredi 6 janvier : Marc Villemain

 
-->Nous vous souhaitons une bonne année 2012.
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7 commentaires:

  1. On n'est jamais mieux servi que par vous-mêmes, Messieurs Les Deux-Gars ! Merci pour 2011 et bon 2012... On compte sur vous.

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  2. Voilà un message bien sympathique ; merci, cher Alain. Et pour la suite, on fera de notre mieux...

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  3. bravo pour vos chroniques de qualité toujours agréables à découvrir

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  4. Merci à vous deux, oui. Et meilleurs voeux.

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  5. Bon anniversaire, oui, à l'Anagnoste et bonne année à vous deux, bien sûr. Déjà, à l'ouverture de votre espace critique, je suis certain que pas mal de gens ( comme je le fis moi-même) ont d'abord sauté sur le dictionnaire le plus proche...Ce qui était déjà une marque d'intérêt, n'est-ce pas ?

    " Ce constat n’induit pas qu’un ouvrage méconnu soit nécessairement fameux, pas plus qu'un ouvrage populaire soit nécessairement piètre ", dites-vous...Ah, Marc et Eric, si tout était si simple, ce serait merveilleux...Et, sous ses allures de poncif, cette petite phrase, quand même, a son poids.
    Que chacun se demande alors,in petto et si l'équation littéraire était aussi squelettique, s'il préférerait écrire de mauvais livres et aller bavasser chez Pujada ou d'excellents ouvrages de poète maudit, genre Lautréamont, sans jamais qu'on ne dise un traître mot sur lui ?
    La frontière entre le spectacle qui inverse la réalité de l'image, et le besoin légitime, humain, d'une reconnaissance sociale de son art - ou tel prétendu - est bien ténue, parfois ! Si, si ....
    Bien à vous, en tout cas !

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  6. L'année commence en ressassant ces mots : Frères humains qui après nous vivez et Non-vrai, Incertitude, Ignorance. En allemand de Nietzsche, 3 U : Unwahrheit, Ungewissheit, Unwissenheit dans le portique bolanien.

    Si les écrits de nombre 000 ont aussi leur place dans le portique ce n'est pas parce qu'il vient de l'ouest, apprécie le chèvre avec un vin blanc de qualité et que nous sommes donc presque pays, certainement pas. C'est parce qu'il a lu -Le silence des bêtes- de Élisabeth de Fontenay, un livre sur la différAEnce. Sachant cela, la curiosité étant un très gros défaut, je suis allée voir du côté de ses écrits, j'ai lu également beaucoup de ses propositions de lectures sans faire à chaque fois des commentaires par très gros manque de temps mais l'essentiel c'est que les livres soient lus.

    C'est ce qui fait que le portique bolanien est vivant, 2738 étant une fausse totalité, les nombres 000 s'inscrivent dans ses territoires vides, ne sont même pas visibles. 000 ne renvoie pas à la nullité mais au Non-vrai, U de Nietzsche, 2738 + 000 égal toujours 2738 alors que les 000 sont nombreux et comptent dans le portique, où est donc la vérité dans tout ça ?

    Hospitalité, mot devenu gros maux français actuellement, il serait bon de la donner à un certain Mr Pourceaugnac Minimaux perecquiens qui deviendrait ainsi un autre nombre 000 invisible dans le portique bolanien.

    Ce que j'aime dans le portique bolanien c'est qu'il est très pauvre en argent mais tellement plus riche d'humanité.

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