Éditions du Vampire Actif |
Mon camarade et néanmoins complice Éric Bonnargent publie donc un ouvrage plus étrange encore qu’il y paraît. Sous son intitulé un tout petit peu ésotérique, mais où chaque terme a son importance, Atopia, petit laboratoire de littérature décalée ne permet pas seulement de regrouper ses analyses d’une trentaine d’œuvres, mais d’en entrelacer l’esprit, d'en exhumer la visée, la nécessité propre, d'entrer dans ce qui permit de les faire advenir, de tisser entre elles un réseau à la fois savant et existentiel, conceptuel et intime. En cela, en ce qu’elle permet d’apparenter des textes que le temps ou le registre éparpillent, de chercher à dégager le sens caché d’une même intuition littéraire, l’on peut aisément qualifier cette démarche d’universitaire.
Ce ne serait que cela pourtant si n’émanait du propos une certaine audace. Celle d’abord de puiser dans un échantillons de textes souvent méconnus, dussent-ils émaner d’auteurs célèbres. Celle, ensuite, de se défier des ordres chronologiques pour leur préférer une nomenclature qui, déjà, est pourvoyeuse d'indications pleines de sens. L’audace, enfin, de prendre, non sans volontarisme, le contre-pied des mots d’ordre jouisseurs et de « l’approche narcissique » qui prévalent parfois de nos jours. Car pour Éric, la littérature est chose sérieuse, très sérieuse. Ce qui peut bien lui inspirer, ici ou là, quelque jugement que l’on pourra trouver abrupt ; mais il est vrai que tel est, et a toujours été, son parti pris : « distinguer la littérature ambitieuse de la littérature de masse. » Or, si les dehors de l’exigence revêtent parfois la forme d’une injonction vertueuse, il n’en demeure pas moins qu’Éric sait donner l’envie de lire ou relire d’un autre œil tous ceux dont il aime la situation atopique, c’est-à-dire, selon lui, « décalée. » Preuve, s’il en fallait, qu’il a intimement compris la fonction de critique.
Ce ne serait que cela pourtant si n’émanait du propos une certaine audace. Celle d’abord de puiser dans un échantillons de textes souvent méconnus, dussent-ils émaner d’auteurs célèbres. Celle, ensuite, de se défier des ordres chronologiques pour leur préférer une nomenclature qui, déjà, est pourvoyeuse d'indications pleines de sens. L’audace, enfin, de prendre, non sans volontarisme, le contre-pied des mots d’ordre jouisseurs et de « l’approche narcissique » qui prévalent parfois de nos jours. Car pour Éric, la littérature est chose sérieuse, très sérieuse. Ce qui peut bien lui inspirer, ici ou là, quelque jugement que l’on pourra trouver abrupt ; mais il est vrai que tel est, et a toujours été, son parti pris : « distinguer la littérature ambitieuse de la littérature de masse. » Or, si les dehors de l’exigence revêtent parfois la forme d’une injonction vertueuse, il n’en demeure pas moins qu’Éric sait donner l’envie de lire ou relire d’un autre œil tous ceux dont il aime la situation atopique, c’est-à-dire, selon lui, « décalée. » Preuve, s’il en fallait, qu’il a intimement compris la fonction de critique.
Cette notice n’ayant pas pour dessein d’esquisser une critique du livre, mais seulement de le présenter, je ne discuterai pas ici certaines assertions, plus strictement philosophiques que littéraires. Celles, par exemple, afférentes à l’individu, peut-être le mot-clé de la pensée ici déployée, et que relaie dans sa préface un Antoni Casas Ros toujours lyrique et habité, mais que l'on découvre aussi plus sensible que dans ses textes précédents aux questionnements idéologiques : fendeur de « l’illusion d’un moi constitué », il s'y fait le pourfendeur un peu inattendu d’une démocratie qui ne serait « qu’un vaste mensonge partagé par les masques sans regard. » Pour le reste, il faut bien dire qu’Atopia est un petit livre assez remarquable, que l’on ne saurait trop recommander à tous ceux qui persistent à penser la littérature comme l’art d’aller « au-delà des apparences », là où affleure « une vision singulière du monde. »
Bravo Marc !
RépondreSupprimerAux premiers extraits lus, je partage complètement ton propos.