Les
journées (dans les réserves) du patrimoine
Marc Villemain
L'affiche
était alléchante : un jeune homme, par éthique acquis aux valeurs cardinales de
« la glande » et par fantasme livré
aux foules tombant en pâmoison devant son jeu de guitare hendrixien, franchit
avec succès le concours de gardien de musée ; pardon : « d’agent de contact », dénomination statutaire officielle (« le gardien de musée n’existait plus, on
avait revalorisé le métier. ») S’ensuit une série de péripéties plus
loufoques les unes que les autres, auxquelles seul un face-à-face avec les
tanks de l’armée en ouverture du journal télévisé mettra fin.
C’est donc à une aventure très rock’n’roll que nous convie ce premier roman de Nicolas Beaujon, qui sacrifie aux plus enthousiastes poncifs et donne raison aux braves gens qui pensent bien du mal de la guitare électrique et de ses très chevelus univers : débauche de sexe débridé dans les réserves du prestigieux musée où « contacte » notre anti-héros, consommation non moins débridée de cocaïne et vols répétés (ou disons tri sélectif) dans les mêmes réserves – décidément véritable garde-manger de l’underground. Nicolas Beaujon s’y entend dans la drôlerie, la repartie et le trait qui tue (comme on le dirait d’un riff). Sans doute n’a-t-il pas inventé le fil à ciseler le style, mais, une fois fait le deuil d’une prose fine et délicate, ce court récit fonctionne avec entrain et autant de plaisir qu’un bon vieux Doors. D’autant que rien n’y est complètement gratuit et que, derrière la bouffonnerie délirante et l’abus délibéré de la caricature, sourd une critique (opportune, disons-le) des mille et une hypocrisies du contrôle social, du patriotisme d’entreprise et autres scléroses d’une époque livrée à un désir d’avenir bien ordonné. Rien de bien révolutionnaire, donc, mais pas mal de malice, et un petit moment de bonne humeur rebelle.
C’est donc à une aventure très rock’n’roll que nous convie ce premier roman de Nicolas Beaujon, qui sacrifie aux plus enthousiastes poncifs et donne raison aux braves gens qui pensent bien du mal de la guitare électrique et de ses très chevelus univers : débauche de sexe débridé dans les réserves du prestigieux musée où « contacte » notre anti-héros, consommation non moins débridée de cocaïne et vols répétés (ou disons tri sélectif) dans les mêmes réserves – décidément véritable garde-manger de l’underground. Nicolas Beaujon s’y entend dans la drôlerie, la repartie et le trait qui tue (comme on le dirait d’un riff). Sans doute n’a-t-il pas inventé le fil à ciseler le style, mais, une fois fait le deuil d’une prose fine et délicate, ce court récit fonctionne avec entrain et autant de plaisir qu’un bon vieux Doors. D’autant que rien n’y est complètement gratuit et que, derrière la bouffonnerie délirante et l’abus délibéré de la caricature, sourd une critique (opportune, disons-le) des mille et une hypocrisies du contrôle social, du patriotisme d’entreprise et autres scléroses d’une époque livrée à un désir d’avenir bien ordonné. Rien de bien révolutionnaire, donc, mais pas mal de malice, et un petit moment de bonne humeur rebelle.
Article paru dans Le Magazine des Livres, n° 3, mars/avril 2007
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