Championne de nazisme
Marc Villemain
Éditions Le Cherche Midi |
Violette est une enfant taciturne, née aux temps de l’affaire Dreyfus d’un père qui ne voulait que d’un héritier digne de son sexe. Enfant, elle n’aime que les guerres : avec ses soldats de plomb et contre les garçons de Levallois-Perret, contre elle-même et son absolu sentiment de solitude. Rétive à toute autorité, la jeune fille est placée en couvent, où elle s’adonne à sa grande passion : le corps. Il faut dire qu’aucun sport ne résiste à celle qui s’habille en costume trois pièces et reluque les jeunes filles dans les douches des vestiaires. Championne du monde des lancers, footballeuse internationale, vainqueur du Bol d’Or, sujet plus que brillant en natation, en boxe, en cyclisme ou en sports automobiles, « la Morris », qui n’est pas sans rappeler La Garçonne de Margueritte, va mettre son increvable énergie au service de la patrie.
Dans la guerre et les tranchées de Verdun, comme estafette ou comme ambulancière, elle apprend à détester les planqués et autres déserteurs du courage, cette « armée de parasites et de jouisseurs. » Jouisseuse, elle l’est pourtant, et ô combien : d’orgies en dévergondages, Violette, féministe bisexuelle, n’hésite pas à envoyer les hommes au tapis ou à décider de l’ablation de sa volumineuse poitrine, si gênante dans le « baquet » des voitures de compétition. Puis viennent les années trente et la crise. Violette tombe dans les griffes du milieu, où trafiquants et truands côtoient décadents et nazillons : sans même s’en apercevoir, elle s’apprête à faire siens tous les délires du temps. Devenue un agent redouté de la Gestapo, elle démantèle les réseaux de résistance, espionne la France pour le compte du Reich et n’hésite jamais à torturer de ses mains ceux qui ne sont à ses yeux que des « terroristes. »
Comme un grand écrivain, elle a droit à la visite guidée de l’Allemagne nazie : en comparaison, le corps de sa pauvre France lui apparaîtra veule et corrompu. Pour elle et pour ce pays qui n’est « pas digne de survivre » et dont « l’élite est en train de se décomposer dans les cimetières de la Meuse et de Champagne », tout finira comme il se doit : dans le sang.
Article paru dans LE POINT, 22 avril 2004
un autre éclairage...
RépondreSupprimerhttp://www.audouchoc.com/article-violette-morris-histoire-d-une-scandaleuse-marie-josephe-bonnet-95885647.html
En effet.
RépondreSupprimerMerci de me l'avoir signalé.
Cela fait quelques années que j'ai lu ce livre ; toutefois, je ne me souviens pas que Raymond Ruffin ait écrit à charge. Je ne suis pas historien, mais, outre que les faits qu'il relate me semble assez bien vérifiés,le portrait qu'il fait de Violette Morris n'est pas sans être touchant. Il fait le portrait, disons, d'un personnage, un personnage au tempérament assez exceptionnel à bien des égards, et qui, de ce fait, comporte ses ombres et ses lumières.
Marie-Joséphe Bonnet convoque et confronte une masse impressionnante de documents. Et n'en retient finalement que des suppositions. Sa biographie de Violette Morris souffre de longueurs, elle y raconte son enquête dans les archives de façon un rien naïve... Elle examine en effet une à une les pièces documentaires éclairant la mort de Violette Morris et ne fait grâce au lecteur d’aucune lacune, d’aucune hypothèse et laisse, au final, subsister des interrogations sans réponse et un nombre exceptionnel de points d’interrogation, sans éclairer pour autant son véritable visage. Chemin faisant elle substitue ainsi ce qu'elle qualifie de caricature à une autre caricature sans apporter la moindre preuve convaincante, tout en se laissant souvent emporter par des raccourcis quelque peu excessifs.
RépondreSupprimerMarie-Joséphe Bonnet convoque et confronte une masse impressionnante de documents. Et n'en retient finalement que des suppositions. Sa biographie de Violette Morris souffre de longueurs, elle y raconte son enquête dans les archives de façon un rien naïve... Elle examine en effet une à une les pièces documentaires éclairant la mort de Violette Morris et ne fait grâce au lecteur d’aucune lacune, d’aucune hypothèse et laisse, au final, subsister des interrogations sans réponse et un nombre exceptionnel de points d’interrogation, sans éclairer pour autant son véritable visage. Chemin faisant elle substitue ainsi ce qu'elle qualifie de caricature à une autre caricature sans apporter la moindre preuve convaincante, tout en se laissant souvent emporter par des raccourcis quelque peu excessifs.
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