Céline Righi
Zao Wou-Ki, Et la terre était sans forme |
Odeurs de terres épicées. Étrange cosmogonie et mots jetés aux vents. Langue gourmande, lèche-racines. La terre comme pâte molle, s'étire, s'allonge et accueille les semences aimées par un souffle tiède.
Incantations.
Langage en poudre qui devient mousse au contact de l'eau. Liquidité. Solidité. Effritement. En marche ! En marche vers l'Ouest sur les grands territoires toujours renouvelés, fécondés par les vents qui portent le futur.
Vents caressant le monde, vents au souffle puissant, qui se font le symbole de l'anéantissement et de la création sans cesse se faisant.
"C'étaient de très grands vents sur toutes faces de ce monde,
De très grands vents en liesse par le monde, qui n'avaient d'aire ni de gîte,
Qui n'avaient garde ni mesure, et nous laissaient, hommes de paille,
En l'an de paille sur leur erre...Ah ! oui, de très grands vents sur toutes faces de vivants !"
Pour pouvoir faire chemin, il faut la coupure franche avec les choses d'avant. Cesser de s'abîmer dans les années visqueuses. Secouer toute sa chair et puis se mettre en route vers l'avenir vaillant. Écouter le tam-tam qui fait vibrer la plante des pieds qui ne veulent que voyage. Souffler sur la poussière et broyer sans regrets les années-sédiments.
"À quelles fêtes du Printemps vert nous faudra-t-il laver ce doigt souillé aux poudres des archives - dans cette pruine de vieillesse, dans tout ce fard de Reines mortes, de flamines - comme gisements des villes saintes de poterie blanche, mortes de trop de lune et d'attrition ?"
Vents caressant le monde, vents au souffle puissant, qui se font le symbole de l'anéantissement et de la création sans cesse se faisant.
"C'étaient de très grands vents sur toutes faces de ce monde,
De très grands vents en liesse par le monde, qui n'avaient d'aire ni de gîte,
Qui n'avaient garde ni mesure, et nous laissaient, hommes de paille,
En l'an de paille sur leur erre...Ah ! oui, de très grands vents sur toutes faces de vivants !"
Pour pouvoir faire chemin, il faut la coupure franche avec les choses d'avant. Cesser de s'abîmer dans les années visqueuses. Secouer toute sa chair et puis se mettre en route vers l'avenir vaillant. Écouter le tam-tam qui fait vibrer la plante des pieds qui ne veulent que voyage. Souffler sur la poussière et broyer sans regrets les années-sédiments.
"À quelles fêtes du Printemps vert nous faudra-t-il laver ce doigt souillé aux poudres des archives - dans cette pruine de vieillesse, dans tout ce fard de Reines mortes, de flamines - comme gisements des villes saintes de poterie blanche, mortes de trop de lune et d'attrition ?"
Et soudain la nature prend un visage humain. Réel, imaginaire, tout à coup tout fusionne. Le poète reçoit le verbe venu de Dieu, fait surgir en surface ce qui n'est pas révélé, traduit la partition jouée par la Nature. Il tend la main aux hommes pour qu'apparaisse enfin la conscience nouvelle.
Le vent essaime les graines, le vent porte les mots, permet la transmission de la pensée mouvante.
Explosions symboliques, réseaux d'images hybrides, agitation cosmique...Voilà les belles errances, les promenades surprenantes que promet le poète dénicheur de trésors souvent ensevelis ou parfois invisibles... et pourtant sous nos yeux.
Explosions symboliques, réseaux d'images hybrides, agitation cosmique...Voilà les belles errances, les promenades surprenantes que promet le poète dénicheur de trésors souvent ensevelis ou parfois invisibles... et pourtant sous nos yeux.
Saint-John Perse, Vents, Poésie / Gallimard.
Ecouter le tam-tam ... voilà de jolis mots, comme ceux qui les précèdent et les suivent. Un très beau texte, musical et sensoriel.
RépondreSupprimerMerci Monsieur ( ou Madame ? ) Anonyme !
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